D'un côté la pleine rase d'où reste seulement les débris et le soleil s'acharnant à taper et de l'autre, s'élevant au milieu d'une épaisse fumée, d'immenses tours par lesquelles on devine les tumultes et le bruit des klaxons.
Et moi j'avance seul, sans me retourner, avec un pincement au cœur, en quittant la terre de mes ancêtres et le berceau de mes aïeuls. Les jambes lourdes, les pieds engourdis par les kilomètres endurés, je vois enfin l'aboutissement de ce désert lointain.
J'ai peine à voir les quelques arbres qui se dessinent et qui s'engloutissent sous ce béton. Le ciel semble envahit par cette gigantesque vague de fumée et les étages défieraient même les cieux si je n'en voyais pas la fin.
Mes pieds avancent mais ma conscience me supplie de m'arrêter. Ce monde nouveau et moderne qui ne m'acceptera que si je me transforme en un de ces monstres odieux, que si je m'affranchis de toute réflexion et de toute mon histoire. Je sens que je sombre, de mon plein gré, au milieu de cette fameuse liberté maquillée de lois et de politique. Je rentre consciencieusement, pas à pas, chez ceux qui ont consentis à dévaster mon pays, piller ma famille, ces négociateurs riches et puissants se cachant derrière leur chers costumes et leur belles paroles mais ne valant pas plus qu'une feuille morte qui est peut-être plus vivante qu'eux. L'être humain qui veut être maître et possesseur de cette nature qui n'est pas sienne devient un vrai brigand,un bandit qui vole cette univers plein de mystères ne laissant que les souffrances et les malheurs après lui.
Ce n'est pas moi qui marche vers ce semblant de bonheur, vers cette vie éphémère qui n'est que mirage mais mon ombre. Derrière moi je laisse le bourdonnement des derniers cris de massacre, les derniers pleurs de douleur. Les bombardements s'achèvent enfin et moi je suis en vie mais mon âme, elle, est depuis longtemps déjà partie…
BouyeACroquer production
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